Déclin très important du Moineau parisien : il est temps de protéger la nature en ville.

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Depuis 2003, le Centre ornithologique Île-de-France et la LPO Île-de-France étudient l'évolution de la population de moineaux domestique à Paris. Quatorze vagues d'observations sur près de 200 points montrent que trois moineaux sur quatre ont disparu du paysage parisien en treize ans.

Le déclin est très important : trois moineaux sur quatre ont disparu du paysage parisien en treize ans.

La baisse des effectifs est de 73% en 13 ans (14 comptages). Cela correspond à une baisse de 10% des effectifs chaque année.

Avec un retard d'une bonne décennie, les moineaux parisiens subissent le même sort que leurs congénères des autres grandes villes européennes.

Résultats par arrondissement

La baisse est spécialement forte sur les quartiers périphériques du nord, de l'est et du sud, c'est à dire les secteurs où les premières années de l'enquête avaient montré les plus fortes densités de moineaux. Il n’a pu être établi aucune corrélation avec la proportion en espaces verts, la densité de population humaine ou son évolution de 1999 à 2009, le taux de particules fines ou son évolution sur les dix dernières années, ou encore la présence d'éperviers nicheurs.

Causes possibles

Les causes les plus fréquemment mises en avant sont :

• La disparition des sites de nidification (cavités dans les bâtiments) surtout à la suite de travaux de rénovation.

• La diminution des sources de nourriture (les petites graines des herbes folles et, au moment de l'élevage des jeunes, les petits insectes). Ces deux facteurs se retrouvent mêlées lors des modifications importantes qu'ont connues certains quartiers anciennement populaires devenus à la mode (ceux qui ont subi leur "gentrification"). Les travaux d'isolation thermique, en bouchant tous les trous des bâtiments, privent souvent les moineaux (et d'autres espèces) de sites de nidification.

Préconisations

• Il n'est évidemment pas question de demander l'arrêt des travaux d'isolation ou de rénovation. On peut cependant établir qu'aucun chantier de ce type ne devrait se terminer sans la pose de nichoirs compensatoires (même s'il n'y avait pas de moineaux avant, on peut toujours espérer en faire revenir !)

• Il est nécessaire d’étendre au maximum les zones où se pratique le "zéro-phyto" : si les espaces verts qui dépendent de la Ville de Paris appliquent cette règle depuis longtemps, il y a de nombreux espaces verts privés ou dépendant d'autres administrations ou établissements publics où on continue à utiliser ces produits néfastes à la biodiversité.

• Les moineaux ont besoin d'abris végétaux, en particulier en hiver. Il est donc important de conserver et même de réimplanter des buissons dans les plus petits espaces verts ainsi que le lierre sur les façades, cette espèce apportant en plus du nectar pour les butineurs et des baies pour les oiseaux frugivores.

Propositions immédiates

Il est important de travailler avec les responsables des chantiers de rénovation, en particulier les bailleurs sociaux. Une table-ronde Mairie-associations-bailleurs sociaux devrait être rapidement réunie pour voir comment mettre en place les "bonnes pratiques" lors des prochains chantiers. Il est tout aussi important de sensibiliser les urbanistes et les architectes pour qu’ils intègrent la biodiversité dans les bâtiments, dès le début de leur conception.