La science participative comme outil de mobilisation citoyenne et de sensibilisation
Une efficacité redoutable
En demandant à des volontaires de réaliser des suivis, on favorise chez eux le développement du goût de l’observation et on leur permet de s’impliquer en tant qu’acteurs dans les processus de conservation. La science participative est donc un moyen de sensibilisation à la démarche scientifique et de mobilisation citoyenne exceptionnel.
La thèse d’Alix Cosquer soutenue en 2012 au Muséum national d'Histoire naturelle montre que la participation à un programme de science participative est plus efficace en termes d’évolution des comportements que la participation ponctuelle à une journée de sensibilisation. Elle a également mis en évidence que les programmes de science participative qui permettent une observation directe de la biodiversité de proximité dans un espace familier sont les plus efficaces pour influencer l’évolution des comportements car le participant pourra observer directement l’effet de ses changements de comportements ou de pratiques.
Ce succès des sciences participatives sur le plan pédagogique est à l’origine de plusieurs formations destinés aux animateurs, éducateurs et enseignants, dont une spécifiquement dédiée à la biodiversité urbaine : " Les sciences participatives : un projet pluridisciplinaire autour de la biodiversité urbaine ", proposée par l’Observatoire participatif et culturel de la biodiversité urbaine de Dijon.Plus d'infos sur cette formation
L’émergence de nombreuses ressources pédagogiques
De nombreux outils sont créés dans le cadre de ces démarches et ils sont indispensables à l’efficacité de la sensibilisation.
Ces outils sont utilisables soit en amont pour favoriser l’appropriation d’une démarche, soit en aval pour présenter les résultats scientifiques issus de la démarche ou uniquement pour aller plus loin sur le plan de la sensibilisation. Souvent, ils peuvent également être utilisés indépendamment des programmes de science participative.
En voici quelques exemples illustrant la variété des types de support :
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Sites Internet et Blog
La plupart des démarches de science participative ont un site Internet associé, ou alors elles sont rattachées au site Internet d’une structure porteuse, et celui-ci est plus ou moins riche sur le plan de la sensibilisation.
Certains programmes mettent en place des blog permettant de suivre ll'actualité scientifique des observatoires. C'est notamment le cas du blog Vigie-Nature, qui publie en moyenne 1 article par semaine : vigienature.fr/blog.
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Guides, livrets pédagogiques, posters
Il existe déjà de nombreux guides naturalistes, mais parfois, certains programmes de science participative, de par leur spécificité ou leur originalité, nécessitent la création d'un guide à part entière dés le lancement du programme : c'est le cas pour le guide de botanique urbaine « Sauvages de ma rue ».
Parfois, c'est l'engouement sucité par le programme et les questions posées par les participants qui entraîne la création d'un guide, comme pour le guide « A la rencontre des papillons » créé dans le prolongement de l'Observatoire des Papillons des Jardins, ou encore le livret pédagogique « Maintenir la biodiversité dans le Grand Lyon - les oiseaux des jardins » créé dans la continuité de l'opération « Biodiversité dans mon jardin ».
Concernant les posters, à titre d'exemple, il en existe un pour la plupart des observatoires citoyens du programme Vigie Nature.
voir Fiche outil pédagogique "Sauvages de ma rue"
Plus d'infos sur le guide "A la rencontre des papillons"
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Mallettes pédagogiques
Citons par exemple la trousse « Monarques sans frontières », spécifiquement créé pour le programme du même nom.
voir Fiche outil pédagogique "Trousse Monarque sans frontière"
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Expositions
Citons par exemple le principe de l'exposition en plein air utilisé pour valoriser les résultats scientifiques de l’Observatoire participatif et culturel de la biodiversité urbaine de Dijon.
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NTIC
Il est intéressant de noter que des outils facilitant une valorisation originale des données issues de chaque démarche sont en train de se développer avec l’aide des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) qui permettent de passer d’un support statique à un support interactif, d’une position de réception de l’information à une position d’investigation, et de donner plus de visibilité à la contribution des participants.
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Outils à usage collectif
Certains outils peuvent être utilisés uniquement de façon individuelle par chaque participant et d’autres de façon collective dans le cadre d’animations pédagogiques parfois associées à certains programmes. Plusieurs kits pédagogiques sont créés pour des usages collectifs, notamment dans un cadre scolaire. Vigie-nature a par exemple développé un volet dédié aux scolaires : Vigie-Nature Ecole, où tous les outils pédagogiques sont téléchargeables.
Un impact éducatif renforcé par les animations pédagogiques
De nombreuses animations pédagogiques sont associées aux démarches de science participative et elles revettent une grande variété de formes et d'approches. Dans tous les cas, elles sont fondamentales pour renforcer l’impact éducatif.
Voici quelques exemples concernant des formes ou des approches particulières d’animations menées en milieu urbain :
- LES "24 H DE LA BIODIVERSITE", organisés chaque année au mois de juin depuis 2010 par l’observatoire départemental de la Biodiversité urbaine de Seine Saint Denis: c’est un weekend entier consacré à des animations nature dédiées aux sciences participatives et notamment au programme Vigie-Nature du Muséum national d'Histoire naturelle. Les ateliers, d’une durée d’environ deux heures sont destinés au grand public et entièrement gratuits.
Voir Fiche expérience "24 heures de la biodiversité"
- LES STANDS EN PIED D'IMMEUBLES, servant à présenter le monde des insectes pollinisateurs, celui des oiseaux en ville, puis permettant de décrire les protocoles du Spipoll et de l’ODJ, grâce à des jeux interactifs, et en vue d’inscrire les participants à un atelier de terrain dans leur résidence. Ces stands sont réalisés par le GDIE dans le cadre de son expérimentation du Spipoll et de l’ODJ dans les espaces verts d’immeubles.
Voir Fiche expérience "Science participative dans les espaces verts d'immeubles"
- LES ENQUÊTES réalisées auprès des usagers des jardins collectifs par un bénévole lors d’une rencontre sur le terrain, dans le cadre de la démarche « Biodiversité dans mon jardin » de l’association Naturama.
voir Fiche expérience "Biodiversité dans mon jardin"
- LES BALADES NATURE URBAINES au cours desquelles sont présentés certains observatoires de science participative. C'est le cas des balades nature dans le 13ème réalisées régulièrement par le GDIE, qui présentent le programme "Sauvages de ma rue" et s'appuient sur le guide du même nom.
voir Fiches de terrain associées à ces balades
- LES SEANCES COLLECTIVES SUR ORDINATEUR dans un lieu de proximité (ex : centre d’animation) pour une initiation au Spipoll, qui permettent d’accompagner les participants dans l’ouverture d’un compte, l’intégration de leurs photos, l’usage des clés d’identification et la découverte de certaines espèces avec des diaporamas.
- LES ANIMATIONS ORGANISEES DANS DES PARCS, JARDINS OU MILIEUX NATURELS pour présenter les observatoires Vigie-Nature à la population locale. C'est par exemple le cas du Conservatoire d'espace naturels du Nord et du Pas-de-Calais qui organise toute l'année des animations Vigie-Nature.
- LES EVENEMENTS CULTURELS D'HORIZONS MULTIPLES (spectacles, journées festives, rencontre avec des naturalistes, des artistes…) organisés pour restituer à tous les publics, de manière attractive, les résultats collectés par le réseau des observateurs volontaires : c’est une des originalités de la démarche de l’Observatoire participatif et culturel de la biodiversité urbaine de Dijon.
Biodiversité urbaine et science participative à l’école
Très rares sont les programmes de science participative pouvant se targuer d’être menés depuis 20 ans dans le milieu scolaire et de continuer à y rencontrer un vif succès. C’est pourtant le cas du programme canadien Monarque sans Frontière (), autour de la conservation d’une espèce de papillon en déclin, le Monarque, qui est mené dans les établissements scolaires de la ville de Montréal depuis 1994. L’élevage des monarques débute en septembre et peut donc parfaitement s’adapter au calendrier scolaire, ce qui a contribué dès le départ au succès du programme dans les écoles montréalaises.
La plupart des démarches intégrées au milieu scolaire sont très récentes et se développent de plus en plus.
L’Observatoire des Saisons, initié en 2006, est très pratiqué en milieu scolaire par les jeunes citadins. Il aborde l'impact du changement climatique sur la faune et la flore, ce qui permet de l’intégrer facilement à au moins une partie du programme scolaire (biologie, climatologie, saisonnalité). Et il propose des outils d'animation et de sensibilisation variés afin d’accompagner les enseignants lors de la construction de leurs propres projets pédagogiques.
Le projet Vigie-Nature École, à l’initiative du Muséum national d’Histoire naturelle, Canopé de l'académie de Paris et Natureeparif, propose des protocoles scientifiques simples à mettre en place pour réaliser des suivis de biodiversité en classe. Il permet aux enseignants de sensibiliser les élèves à la biodiversité tout en participant à un véritable programme de recherche. C'est un outil permettant de travailler la démarche scientifique tout en favorisant les sorties de terrain et le contact direct avec la nature. Une phase ‘pilote’ dédiée à cette adaptation de Vigie-Nature en milieu scolaire a eu lieu de septembre 2011 à juin 2012 en Ile-de-France. Aujourd'hui, Vigie-Nature Ecole s'est étendu à toutes les académies et les enseignants de toute la France métropolitaine peuvent y participer.
Observ’acteur au collège est l’application du programme Vigie-Nature École en Seine-Saint-Denis. Ce programme se décline en plusieurs étapes sur une année scolaire, dont une « semaine pour la biodiversité au collège » pour faire un maximum d’observations, et une journée de restitution durant laquelle les conclusions que les scientifiques auront pu tirer des observations faites tout au long de l’année par les collégiens sont présentées.
Sauvages de mon école est un autre exemple de déclinaison de Vigie-Nature École, cette fois dans le Val de Marne. Il s’agit du défi scientifique 2014-2015 proposé aux écoles maternelles et élémentaires du département autour de la photographie et de l’identification des plantes sauvages de l’école ou situées à proximité.
Plus d'infos : programme cycle 1, programme cycle 2.
Pour conclure...
La science participative est donc de plus en plus présente en ville, que ce soit à travers les démarches exclusivement consacrées à la biodiversité urbaine ou d’autres plus générales.
Certaines initiatives urbaines se démarquent notamment par la singularité des lieux qu’elles investissent, ou encore par leur recours aux nouvelles technologies ou le public auquel elles s’adressent.
Dans tous les cas, ces initiatives ont un très fort potentiel pédagogique et de mobilisation citoyenne, renforcé par les nombreux outils et animations facilitant leur appropriation et la valorisation des résultats auprès des participants. Et elles parviennent à s’intégrer de plus en plus dans le cadre scolaire.